jeudi 31 mars 2011

A mourir de Ribéry-re !

« Y a eu des choses qui z’ont été dites de votre part qui m’ont beaucoup choqué ». C’est en digne héritier de l’ancien footballeur Luis Fernandez et de son français approximatif que Franck Ribéry s’est exprimé la semaine passée, pour la première fois depuis des mois, devant les journalistes français. Si sur le plan purement footballistique cette intervention du petit milieu de terrain de l’équipe de France de football aura donné du grain à moudre à tous les reporters sportifs, qui l’attendaient comme un automobiliste attend que le feu passe au vert, c’est-à-dire avec désinvolture et un doigt dans le nez, cette conférence de presse fut sur le plan grammatical et syntaxique ni plus ni moins qu’un Hiroshima du Bescherelle, à tel point que Maître Capello a préféré nous quitter la même semaine, sans doute définitivement achevé par tant de liaisons dangereuses.

Pour tout vous dire, Franck Ribéry, alias Scarface, faisait la gueule. Non, rien à voir avec son visage déformé évoquant l’horrible arrière d’une Renault Laguna, triste héritage d’un passage à travers le pare-brise de la voiture de ses parents à l’âge de deux ans.

Non.

« Ch’ti Franck », ainsi que l’avaient surnommé les journalistes lors de son éclosion footballistique en 2006, rapport à ses origines nordistes, « Ch’ti Franck » donc, faisait du boudin dans son coin. Une sombre histoire de grève dans un bus à l’été 2010 en Afrique du Sud avait suffit à le faire passer du stade de « petite merveille » à celui de « petite merde sans cervelle », désignée responsable de ce mouvement d’humeur malvenu pour des millionnaires en short. Et ça, Francky, ça lui était resté en travers de la gueule. Enfin, façon de parler.
Célèbre pour ses blagues de potache, Francky est un grand enfant. En effet, on ne compte plus les seaux d’eau lancés sur ses coéquipiers sortant en costard du vestiaire ou les pneus dégonflés sur les parkings des clubs qu’il a fréquentés. Et encore, je ne vous parle pas de la fois où, hilare, à la fin d’un match et sous les vivas de la foule en délire, il a fait le tour du stade Vélodrome de Marseille sur une tondeuse autoportée. Vous l’aurez compris, Francky, est un enfant dans un corps de footballeur, comme Loana est une absence dans le dictionnaire. Vous avez raison, ça n’a rien à voir, mais ça me fait plaisir.

Et par conséquent, « Ch’ti Franck » étant un grand enfant, quand Francky fâché, Francky bouder. Et alors qu’il a déjà du mal à aligner trois mots de français sans donner à notre ministre de l’éducation des envies de réforme, voilà que Francky s’est mis à l’allemand. Et curieusement, il ne se débrouille pas si mal avec son neurone. Certainement parce que, autant en français, lorsque l’on met les mots à l’envers on ne comprend pas grand-chose, en allemand c’est l’inverse. En effet, l’une des particularités de la langue allemande est de placer le verbe à la fin de la phrase. Une bénédiction pour notre petit Franck, alias Nemo le footballeur-clown. Inutile de vous dire que ses conférences de presse dans la langue de Goethe sont déjà cultes en Allemagne.

Franchement, Franck Ribéry, moi je l’aime bien. Bon, c’est vrai, plutôt que « petite merveille » ou « petite merde sans cervelle », j’aurais pour ma part opté pour « petite merveille sans cervelle ». Ce qui, à sa décharge, pourrait probablement s’appliquer à un paquet de membres du show-biz. Ou de la politique.

Habile transition s’il en est pour vous parler de ma nouvelle idole, Jean-François Copé. Grâce à lui, depuis qu’il est en charge de l’UMP, je n’ai plus besoin de me rendre chez mon dermato pour savoir d’où proviennent mes éruptions cutanées. La singulière corrélation entre leurs apparitions et les passages télévisés de Jean-François Copé (dont les initiales, vous l’aurez noté, sont JFC comme dans « Je Fais Chier »), m’a permis d’établir moi-même un diagnostic : ce garçon est énervant au possible. Non, pardon : ce garçon est plus énervant que Nicolas Sarkozy. Vous me l’accorderez, ce n’était pas gagné d’avance.

Et pourtant, cette coupe de cheveux d’étudiant en école de commerce, ce sourire condescendant à chaque question, ces mains qui ne se décroisent que pour s’ouvrir façon Benoit XVI au balcon du Vatican, ces petites lunettes soigneusement affichées et qui lui donnent définitivement un air de tête à claques… Et puis ce côté réponse à tout qui ferait passer le regretté Jean Dutour pour un inculte. Pourquoi se donner autant de mal à montrer qu’on est un bon garçon, si ce n’est parce qu’on n’en est pas un ?

Et puis cette agressivité médiatique ! « Je fais Chier » a un avis sur tout et il veut que ça se sache. Alors il fait ce qu’il fait de mieux : il fait chier. Il critique ses collègues, prend position alors qu’on ne lui a pas demandé son avis (mais qui serait assez con pour le lui demander, franchement ?!). Bref, il fait chier à un point tel que l’UMP est aujourd’hui un bordel à côté duquel une partouze avec Ribéry et Zahia pourrait passer en prime-time sur ARTE tant elle paraîtrait soft.

Et évidemment, comme le garçon ne doute de rien, il est d’ores et déjà candidat pour les prochaines présidentielles de 2017, et il le fait savoir, persuadé qu’il est à la France ce que le Capitaine Flam était au gouvernement intersidéral : la seule solution à ses problèmes.

Si vous cherchiez une autre raison de quitter le pays après Marine Le Pen et ses scores effrayants dans les sondages, vous voilà servis.

Retrouvez cette chronique sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=ZG-g4tV5FE8

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