jeudi 15 avril 2010

Je casse donc je suis

J’ai appris avec surprise, comme tout le monde, la fermeture de l’usine Steelcase à Marlenheim. Il s’agit là d’une bien triste nouvelle pour les salariés, et je ne peux que compatir.

Néanmoins, après avoir suivi, via les médias, des scénarios identiques chez Continental par exemple, je m’interroge sur les réactions qu’ont les salariés aujourd’hui à l’annonce de ces tristes nouvelles. Globalement, on a le sentiment que leur réaction se résume à deux actions :

1.    tout casser, qu’il s’agisse d’une sous-préfecture saccagée, de directeurs séquestrés, ou plus modestement de machines à café comme chez Steelcase (DNA de ce jeudi)
2.    embêter tout le monde avec des actions coup de poing, style opération escargot ou occupation de je ne sais quel lieu par exemple

J’avoue ma totale incompréhension face à ces actions. Autant des actions telles qu’un arrêt du travail, l’entame de négociations, la convocation des médias pour alerter sur la situation, me paraissent justifiables, autant ce besoin de casser et de hurler son désespoir sur la place publique me dépassent. Quelle est l’utilité de tout casser ? Quelle est l’utilité de mettre en place des opérations qui embêtent des gens qui ne sont pas concernés et ne peuvent rien faire pour vous aider ?

Tout casser pour quoi ? Et surtout, depuis quand hurle-t-on, séquestre-t-on, et casse-t-on du matériel pour s’exprimer ? Quel exemple pour les générations à venir est-on en train de donner ? Cela veut-il dire que demain, à la moindre contrariété, on ira hurler sur la place publique son désespoir ? Taper sur celui que l’on juge fautif ? Un commerçant me vend une chemise abîmée, et quoi ? Je bloque l’entrée de la galerie marchande en hurlant qu’il s’agit d’un escroc, que c’est honteux, avant d’aller saccager son magasin, le séquestrer et réclamer un remboursement (et des dommages-intérêts tant qu’à faire), afin qu’il comprenne de quel bois je me chauffe ?

Le désespoir, ou n’importe quelle situation difficile, n’autorise pas tout. C’est en tout cas ce qu’on m’a appris. J’ai 37 ans, et j’ai pourtant l’impression de me balader dans ce monde avec des valeurs aussi obsolètes que ce bon vieux Minitel, auquel on pense avec un aimable sourire, mais sous le nez duquel on agite un IPad connecté au Web en lui disant : « Eh oui, faut t’y faire, les temps changent ». Pourquoi pas.

Mais 21ème siècle ou pas, la violence restera toujours la force des faibles.