mercredi 16 février 2011

Le Raymond sort du bois

J’aime le football. Ce sport ne laisse personne indifférent : activité de bourrins écervelés pour les uns, royaume du fric pour les autres, voire pratique sportive offrant des moments de grâce absolue pour ceux qui sont tout simplement fans, tout le monde a son avis sur le sujet. Y compris ceux qui se prennent pour des intellectuels et comparent un contrôle de Zidane à la première gorgée de bière de Philippe Delerm.

Il en est un pourtant que l’on n’a jamais classé dans l’une de ces cases. Je veux bien sur parler de Raymond Domenech, l’homme à l’épaisseur de sourcils inversement proportionnelle au QI de Franck Ribéry.

Pour commencer, tout le monde s’accorde à trouver le Raymond d’une intelligence plutôt au-dessus de la moyenne. Espérons simplement qu’il s’agit de l’intelligence moyenne française plutôt que celle du monde du football, sans quoi ce présupposé compliment ressemble plus à une insulte qu’à autre chose.

Son salaire de sélectionneur de l’équipe de France de football, mis en évidence, à l’époque, par France Football, la « bible du football » (eh oui, bible : c’est bien connu, Jésus a raté la coupe du monde à son époque car il était suspendu), son salaire disais-je, a été clairement établi comme l’un des plus bas en Europe parmi les sélectionneurs alors en place.

Enfin, Domenech, lorsqu’il jouait encore (entre autres au Racing Club de Strasbourg, à l’époque où celui-ci était encore un club de foot et pas un poulailler), était plutôt connu comme le Francis Heaulme des terrains que comme le Noureev de la pelouse. Pas de quoi faire se pâmer un Bernard-Henry Levy, donc, même s’il est vrai que celui-ci est pourtant plutôt connu pour son mauvais goût à en juger par la dégaine de sa désormais ex-femme, Arielle Dombasle. Et puis entre nous, quelle drôle d’idée d’épouser une femme avec un prénom de lessive...

Bref, vous l’aurez compris au travers du modeste raccourci que j’emprunte ci-dessus, Raymond Domenech est un peu ce que Philippe Catherine est à la chanson française : un garçon aux qualités probablement indéniables, mais qui peine à les exprimer de façon intelligible.

Alors, que fait un cérébral comme Raymond quand il est incompris ? Il fait comme Babybel quand ils veulent vendre leur fromage : il prend une agence de communication. Et dans le cadre de ce plan marketing qui ferait mourir de honte Jacques Séguéla (si ce dernier ne meurt pas avant d’un cancer de la peau à force de fréquenter les cabines à UV), il a livré hier sa « première » interview à un hebdomadaire qui fait depuis toujours référence en matière de football, « L’Express ». Si vous avez senti un peu d’ironie dans ma phrase précédente, merci de ne pas en tenir compte. Il est vrai que L’Express, ça fait tellement plus sérieux que France Football...

Et que dit le Raymond dans cette interview ? Eh bien, en résumé, il explique « qu’il n’est pas l’abruti que l’on a bien voulu faire croire qu’il était », il argumente en indiquant qu’il a fait ce qu’il a pu, et que s’il n’est arrivé à rien, c’est parce qu’il avait affaire à « une bande de sales gosses inconscients ». Conclusion : s’il a vraiment fait ce qu’il a pu, vu le résultat, il est urgent pour lui de changer de métier. Permettez-moi d’ailleurs d’en profiter au passage pour encourager chaleureusement Michaël Youn à en faire de même. Mais je m’égare.

Entraîneur, cela consiste bien sûr à avoir des compétences techniques, mais cela consiste aussi à savoir gérer un groupe. Et concernant ce domaine, la fameuse « bande de sales gosses », je reprendrais simplement un commentaire lu sur un forum, acerbe mais tellement juste : « Raymond Domenech était comme tous les parents qui manquent d'autorité sur leurs gosses : il a fini par se faire bouffer par eux. ».

Retrouvez cette chronique en vidéo sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=rYQVlnQyf3M

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