vendredi 29 avril 2011

Jeux de guerre

Depuis quelques années en France, lorsque vous achetez une maison, la loi vous laisse 7 jours de réflexion pour vous rétracter. J’imagine que le consommateur français moyen, celui dont le programme habituel du samedi est grosso modo « Carouf – Quick – Confo – Barbeuc - Jour de foot », trouve cela très bien. Enfin on prend soin de lui, et de la même manière qu’il peut retourner à la Redoute le dernier shaker vinaigrette qu’il a commandé juste pour avoir en cadeau gratuit la cafetière en plexy programmable, il peut rendre la maison s’il s’aperçoit que là où elle se trouve il ne capte pas Canal Plus. Inconcevable, puisqu’il se retrouve du jour au lendemain privé de son porno mensuel. Eh oui, après jour de foot, une fois par mois, c’est jour de boules.

Alors vous, je sais pas, mais moi, j’appelle ça de la déresponsabilisation. C’est vrai quoi, priver le téléspectateur de son jour de boules, c’est vraiment pas cool. Non, je plaisante.

Sans blagues : achète-t-on vraiment une maison comme on achète sa baguette ? Si c’est le cas, mieux vaut investir dans un bon psy que dans l’immobilier. Une maison, c’est un achat d’une vie, ça se réfléchit AVANT d’acheter, un peu comme quand on achète une Renault. On réfléchit… Puis on l’achète pas. Parce que chez Renault, y sont pas cons : y a pas 7 jours pour la rendre la bagnole, sinon Renault serait le spécialiste de la revente de véhicules d’occasion neufs. Remarquez, c’est peut-être ce qu’ils sont déjà maintenant que j’y pense… Mais je m’acharne. Pardon, je m’égare.

Ce principe de rétractation après un achat était à l’origine destiné à protéger les personnes victimes de ventes forcées à domicile, un peu comme cet aspirateur que vous avez un jour fini par acheter, juste pour que le commercial dégarni qui suait dans son costard bleu ciel daigne enfin quitter votre domicile vers 22h30, après que vous ayez signé le bon de commande qu’il agitait sous votre nez depuis 3 heures. Et puis, on a étendu ce principe de protection : on a imprimé sur les boites de jeux vidéo la limite d’âge indispensable pour jouer, on affiche désormais des logos « déconseillé au moins de 10 ans » sur les écrans de TV, lorsque par exemple sont diffusée des émissions agricoles sur la basse cour, avec plein de poules à poils qui caquettent, comme Carré VIP ou Secret Story par exemple. On a inventé le contrôle parental aussi. Si, si, vous savez, le truc tellement compliqué à installer que ce sont les enfants qui finissent par s’en charger à la demande de leurs parents. « Eh Papa, je mets « toto » comme mot de passe, c’est bon ? ».

En Allemagne, le succès grandissant des paris sportifs ou des machines à sous fait qu’à présent on envisage d’interdire aux chômeurs de jouer. L’Allemagne, c’est ce pays merveilleux où ils pensent encore que quand un ado flingue tout le monde dans son collège, c’est parce qu’il joue à des jeux vidéo violents. Quel cliché ! Peut-être que son père a juste acheté une Renault et que ça a énervé son fils… Allez savoir !

Mais revenons à nos moutons : empêcher les chômeurs de réaliser des paris sportifs… On fait ça comment alors ? On leur impose de porter une étoile pour les repérer quand ils se présentent au guichet ? Hummmm… Mauvaise idée… Imaginons plutôt un logo composé d’une main posée sur un sexe masculin, puisque c’est bien connu, les chômeurs sont des branleurs. Après, on interdit aux adolescents d’acheter du tabac. Comment on les repère, eux ? On leur compte les poils des couilles ? Ah, je sais, on leur fait porter une étoile ! Ah, non, mauvaise idée encore… Bon, bah un logo alors. Le même que les chômeurs, tiens, puisque c’est bien connu, les ados sont tous des branleurs, et pas seulement au figuré d’ailleurs. Ben oui mais alors comment on fait pour distinguer un ado d’un chômeur ? Eh ben on n’a qu’à leur imposer le port d’un logo avec une grosse main posée sur une grosse bite : eh oui, c’est bien connu, un ado chômeur, c’est forcément un GROS branleur ! Et je ne vous parle pas de l’interdiction d’acheter de l’alcool. Vous imaginez la jolie caissière de chez Auchan dans une banlieue défavorisée, face à une bande de jeunes en rut et assoiffés : « Ah je suis désolé Messieurs, mais je n’ai pas le droit de vous vendre ce pack de bière, puis je vous proposer une Tourtel à la place ? Eh Paul, une Tourtel ! ». C’est la tournante assurée sur le tapis de caisse.

Non, mais sans déconner, où va-t-on ainsi ? Bientôt il faudra montrer sa bite pour entrer dans les toilettes des hommes, juste parce qu’un gars bourré a violé une blonde dans les toilettes des filles en Alabama. Vous vous imaginez dans le sas d’entrée aux chiottes, agitant votre engin sous le nez de Madame Touche Pipi planquée derrière son hygiaphone, afin qu’elle vérifie que c’est bien un vrai avant de vous laisser entrer avec un sourire narquois qui en dit long sur la taille ridicule de votre vermisseau ? Et les filles qui rigolent, là, derrière leur écran : vous vous imaginez avec un doigt là où je pense à chaque fois que vous voudrez aller aux toilettes, histoire de vérifier que vous n’êtes pas une drag queen en mal de sensations fortes ? « Ahem, désolé, si vous sentez un truc c’est mon tampon, chuis en période rouge… ». Comme dirait Joël Rebuchon : « Et bon appétit, bien sûr ! ». Ouais, dégueu, hein ?

Alors, oui, mille fois oui, il faut protéger : les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, j’en oublie certains probablement. Mais enfin, la restriction permanente, la surprotection… Est-ce vraiment toujours nécessaire ? Et puis regardez Jean-Claude Vandamme ou Charlie Sheen : ils sont beaucoup plus drôles et joyeux depuis qu’ils se sont mis à la cocaïne. Encore cinq copains de plus, genre Dennis Quaid ou David Hasselhof, et une pouf vulgaire genre Shannen Doherty, et on a un remake de « Blanche-Neige » et les 7 nains qui va décoiffer. Haha, « blanche neige ».

Allez, comme disaient les Monty Python dans « La vie de Brian » : « Always look on the bright siiiide of life, padam, padam, padam, padam… ».

Retrouvez cette chronique sur ma chaîne Youtube : http://www.youtube.com/user/mistermikaud

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